St Louis-Marie                                     Le Secret de Marie
 
Bulletin d'information du Chapitre Saint Louis Marie Grignion de Montfort - N° 30 - mai 1999

Spécial XIème Pèlerinage de Chartres!
Edito Sommaire
        Voici le joli mois de mai !

Mois du muguet, mois des beaux jours, mois de Marie et mois du pèlerinage ! Le chapitre sera heureux de vous compter dans ses rangs durant ces trois jours de Pentecôte, ou de vous savoir ailleurs sur la route en union de prières. Le pèlerinage est un moment précieux et unique, de recueillement, de prière, de réflexion, de pénitence, de joie partagée, de fatigues communes, de communion d’esprit. C’est toujours la même chose, me direz-vous. 

Au bout du xème, on en a un peu assez. Eh bien faites-le dans d’autres conditions : ne soyez plus « simple pèlerin », prenez des responsabilités, au sein d’un chapitre ou dans les multiples tâches de l’organisation. Les bonnes volontés sont toujours les bienvenues. Non aux âmes blasées et habituées ! 

Vous hésitez parce que c’est fatiguant et qu’il risque pleuvoir ? Certes ça coûte un peu, mais on reçoit tellement plus que la peine de l’effort, vite oubliée. Prenez votre courage à deux mains, vous ne serez pas déçu ! Et disons-nous bien que nous ne sommes pas seuls : bien de nos compatriotes, qui ne peuvent pas marcher, comptent sur nous et nos prières. Ne les décevons pas! 

              Isabelle
                      Ad Jesum per Mariam
Topo : Prier?
Histoire: ils l'ont fait avant nous!
Chartres 1999: pourquoi péleriner?
Ils ont dit
Topo                   Prier?
En 1907 était publié Répliques du bon sens aux attaques et objections contre la religion, édité par la procure générale du clergé et des œuvres paroissiales.

1) Pourquoi prier ? Dieu sait bien ce qu’il me faut. Et puis, dire toujours les mêmes choses…

La prière n’est pas faite seulement pour demander des dons, c’est une conversation avec Dieu. Relisons le catéchisme ; il dit :  « la prière est une élévation de notre âme vers Dieu, pour L’adorer, pour Lui demander pardon, pour implorer Ses grâces, pour Le remercier de Ses bienfaits. » 

C’est le bonjour qu’on dit aux parents le matin, le bonsoir du soir, le merci de chaque instant, la marque de reconnaissance et de déférence qui se traduit par un « salut »… Cela se fait en élevant notre âme vers Dieu notre Père, en pensant à Lui. A cela se joint la «  demande » de pardon du pécheur, et la « demande » de grâces nouvelles du Chrétien confiant.

La prière est donc, par rapport à Dieu, ce que nous faisons tous les jours par rapport à nos parents de la terre, à nos maîtres... C’est la vraie vie du chrétien que de prier. Et qui vous empêche de varier vos prières et de parler simplement à Dieu comme vous le faites avec un ami ? C’est tout le désir de l’Eglise, car, s’il existe des formules de prières, c’est pour nous apprendre comment nous devons prier. En effet, les apôtres ne sachant comment s’adresser à Dieu pour prier, demandèrent à Notre Seigneur de leur enseigner ; Jésus leur répondit : « voici comment vous prierez : Notre Père.... » ; vous savez le reste.

Est -ce mal de parler ainsi à Dieu notre Père ? Est-ce mal d’être poli envers Lui ? 
 

2) Je prie mais je n’obtiens rien, alors cela me semble du temps perdu.

Cela n’est pas du temps perdu que d’être poli envers Dieu.

Mais priez-vous bien et avec persévérance ? Si oui : vous obtenez. Vous n’obtenez pas exactement ce que vous demandez, et à l’heure où vous le voudriez, car Dieu voit plus loin que vous, et ce que vous demandez pourrait peut-être vous causer du mal dans la suite. Dieu exauce toujours la prière faite pour soi-même ; mais Il accorde ce qu’Il sait de meilleur.

Or ce vraiment meilleur, comme nos enfants nous nous figurons toujours que ce sont des douceurs, comme nos enfants nous nous trompons. Il exauce aussi toujours la prière faite pour les autres en leur présentant une grâce plus ou moins forte selon les prières faites pour eux. 

Dieu ne force jamais la liberté de celui pour lequel on prie. Un jour ou l’autre, au moment le plus propice, Il présente la grâce la plus propre à celui là.........

Priez donc pour vous, pour les autres ; priez bien, vous serez toujours exaucé...

Suivant en cela la lettre apostolique Tertio Millennio Adveniente pour préparer le jubilé de l’an 2000, nous méditerons cette année sur la Personne du Père, et plus particulièrement sur la prière qui Lui est adressée, le Pater.

Nous marcherons sous cette belle devise, pleine d’espérance, « que votre règne arrive » : que le règne de Dieu arrive par le retour glorieux de Notre Seigneur, mais, plus proche de nous, qu’il arrive dans nos cœurs et dans notre société !
 

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Histoire      Ils l'ont fait avant nous!
Dimanche et lundi de la Pentecôte, deux jours libres, je vais aller à Chartres.

Dimanche matin, à Notre Dame de Paris. 

La grande nef est silencieuse dans la demi-lumière qui tombe des verrières. Quelques jeunes gens sacs au dos, un ou deux militaires, quelques vieilles femmes, des bonnes sœurs assistent à la messe basse dans une toute petite chapelle. Il faut faire d’interminables détours à cause de l’Exposition. La ville s’amenuise jusqu’à devenir la banlieue, puis la campagne. Le Pont de Sèvres, le château de Versailles si beau après la laideur des rues, puis la splendeur de la forêt.

A la cadence des pas, les Ave Maria du chapelet se succèdent. Ave dits à de multiples intentions, sur de multiples sujets, puis aussi pour les gens rencontrés au bord de la route : 

 … pour ces bohémiens crasseux et cette petite romanichel en oripeaux multicolores qui doit chaparder les volailles dans les fermes ;
 … pour ce cheminot qui chemine comme moi, mais parce que lui sans doute ne peut pas faire autrement ;
 … pour ces soldats rencontrés au camp de Satory et qui me crient que le goût de la marche me passera au service militaire ;
 … pour ces touristes insupportables qui parlent tout haut dans la chapelle au village de Dampierre ;
 … pour cet ouvrier qui m’a lancé au passage : « en v’là un qui joue au dur » ;
 … pour ces petits scouts qui, pour que je les accompagne, m’ont indiqué si gentiment un raccourci qui m’allonge de trois kms ;
 … pour ces belles dames élégantes qui, de leur voiture, sourient au pauvre porteur de sac.

La forêt m’entoure, si belle qu’elle devient une prière.

Tout seul je fais en moi-même une retraite fermée, avec mon âme pour cellule et la forêt pour monastère. Paris : 40 kms, indique une flèche pointée contre moi ; mais j’en ai fait 45, il y a eu les détours de l’Exposition et le raccourci des petits scouts.

15 kms encore avant d’arriver à Rambouillet. Mes pieds me font mal parce que, au fond, ils ont toujours préféré l’étrier à la route. Le sac se fait plus lourd, la fatigue mauvaise.

Mes pas martèlent des Ave discrets. La fatigue maintenant est ma véritable prière. Ce kilomètre pour cet ami qui m’est cher. Cet autre en union avec le Christ au Calvaire. Cet autre et cet autre encore pour tous ces vieux péchés qui font tache grise sur le passé.
 

Rambouillet : 5 kms. La nuit est tombée.

A 10 heures et demie du soir, fourbu, j’arrive enfin dans la ville. 

Je comptais cantonner dans une ferme. Il est trop tard et je ne veux pas réveiller les gens. J’entre dans un petit hôtel. Il est complet. Le deuxième aussi et le troisième. Il se met à pleuvoir. Je commence une méditation sur Bethléem, et une auberge m’offre enfin, au grenier, une chambre où courent les punaises.

Qu’il fait bon se doucher dans une cuvette inconfortable, se mettre en pyjama, s’étendre, dormir… avec nos sœurs les punaises, qui ne m’ont pas paru aussi terribles qu’on le dit.

Lundi matin. En route pour Chartres. Il pleut à torrents, mes jambes sont courbaturées et je dois être de retour à Paris cette après-midi.

Quelques kilomètres après Rambouillet, une voiture s’arrête. Elle va à Chartres.

… Béni sois-tu mon Dieu, pour les chauffeurs compatissants qui recueillent les pèlerins fourbus, ruisselants et pressés.
Je roule à travers cette Beauce qui a été faite si plate sans doute pour nous permettre de mieux admirer les beautés de la montagne.

En voiture, je rêve à cette lente découverte du clocher de Chartres, dont parle Péguy et que je fis jadis avec le Clan.
Une longue prière dans la cathédrale de beauté. Une heure de train. Paris. 

La vie coutumière qui reprend. 

Mais j’ai de l’air pur plein le cœur et l’âme.

Routier, mon frère, lorsque tu seras seul à Paris, avec deux jours de libres devant toi, va à Chartres. On en revient meilleur.

Guy de Larigaudie
(Etoile au grand large)
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Chartres 1999    Pourquoi péleriner?
 
Oui, pourquoi venir affronter le mauvais temps, la chaleur, la soif, les ampoules, la fatigue physique, le sommeil inconfortable, les queues au petit déjeûner et le sevrage temporaire de tabac? Oui, pourquoi?

Parce que Notre Seigneur nous le demande. Il s’est incarné, Il a terriblement souffert, Il est mort pour nous, pour notre salut. Ne pouvons-nous pas aussi faire quelques efforts pour Lui? Au lieu de geindre “ mais que fait le bon Dieu ? ”, ne nous sommes-nous jamais demandés “ mais que faisons-nous pour le bon Dieu ? ”. 

La pénitence n’a jamais fait de mal à personne, surtout à notre époque où elle est complètement passée de mode. 

Se priver de quelque chose et accepter volontairement un peu d’inconfort permettent de revenir vers l’essentiel en se débarrassant de l’accessoire. L’âme peut lors plus facilement s’élever vers Dieu. Qui plus est, demander pardon de ses péchés en faisant pénitence a toujours été une constante dans notre religion. 
 

Certes, me direz-vous, mais nous n’avons tant de péchés personnels que ça à expier. Sans doute, mais la France ? Savons-nous combien d’âmes vont être sauvées par nos prières ? N’oublions pas la communion des saints…

Mais ne limitons pas notre pèlerinage à cet aspect de mortification. La route de Chartres est pour la vie spirituelle de chacun un merveilleux stimulant. Nous en reviendrons revigorés par la vie de chrétienté de ces 3 jours, encouragés par la certitude que nous ne sommes pas seuls, mais au contraire des milliers à partager la même foi. Le “ chez nous soyez reine ” chanté à pleins poumons sous les voûtes de la cathédrale résonnera longtemps à nos oreilles… Et nous allons y puiser tant de grâces… 

Nous en reviendrons avec des forces nouvelles et décuplées pour notre vie quotidienne et ses combats. Qu’est-ce qu’une ampoule face à tout ce dont le Seigneur nous comble ?

Allez à Chartres, on en revient meilleur !

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Ils ont dit
«Bravez le ridicule, bravez le scepticisme. Marchez droit devant vous. Si vous ne vous inquiétez pas d’être suivis, c’est alors qu’on vous suivra.»
Un des frères Charlier

«Il est aussi beau de peler des pommes de terre pour l’amour du Bon Dieu, que de bâtir des cathédrales.»

Guy de Larigaudie 

"Ne soyez pas une jeunesse molle, soyez plutôt une jeunesse enflammée, une jeunesse ardente. Allumez et faites répandre le feu que Jésus vint apporter dans le monde."

Pie XII

 
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