St Louis-Marie                                       Le Secret de Marie
 
Bulletin d'information du Chapitre Saint Louis Marie Grignion de Montfort - N° 29 - avril 1999

Edito Sommaire
« Toute notre gloire est dans la croix du Seigneur Jésus Christ, en qui est notre salut, notre vie et notre résurrection, par qui nous avons été sauvés et libérés », écrit saint Paul (Gal. VI, 14).

C’est là notre joie et notre espérance en ces jours après Pâques et tout au long de notre vie. Contemplons avec amour et vénération la croix de Notre Seigneur, méditons cet immense mystère, mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin. Le Christ Rédempteur nous a rachetés au prix de Son sang, mais Il a besoin de notre coopération pour que nous soyons sauvés : « Celui qui t’a créé sans toi, ne te justifiera pas sans toi », écrit saint Augustin. Dieu nous destine à la vie éternelle et nous communique Sa grâce, le Christ nous a libérés, à nous de faire notre part de travail !

Dieu nous a donné l’intelligence, l’amour et la volonté, utilisons-les pour gagner notre salut, chacun à notre manière. Dieu nous aidera à tout moment, nous savons que nous pouvons toujours compter sur Sa grâce. Pâques est là, nous nous sommes confessés, nous sommes emplis de joie et de force, prenons un nouveau départ !

« Toute notre gloire est dans la croix du Seigneur Jésus Christ, en qui est notre salut, notre vie et notre résurrection, par qui nous avons été sauvés et libérés », écrit saint Paul (Gal. VI, 14). C’est là notre joie et notre espérance en ces jours après Pâques et tout au long de notre vie. Contemplons avec amour et vénération la croix de Notre Seigneur, méditons cet immense mystère, mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin.

Le Christ Rédempteur nous a rachetés au prix de Son sang, mais Il a besoin de notre coopération pour que nous soyons sauvés : « Celui qui t’a créé sans toi, ne te justifiera pas sans toi », écrit saint Augustin. Dieu nous destine à la vie éternelle et nous communique Sa grâce, le Christ nous a libérés, à nous de faire notre part de travail !

Dieu nous a donné l’intelligence, l’amour et la volonté, utilisons-les pour gagner notre salut, chacun à notre manière. Dieu nous aidera à tout moment, nous savons que nous pouvons toujours compter sur Sa grâce. Pâques est là, nous nous sommes confessés, nous sommes emplis de joie et de force, prenons un nouveau départ! 

Isabelle
Ad Jesum per Mariam
Topo : le Rosaire (II)
J-K Huysmans
Vie de saint : St Jean Damascène
Prière à Marie : Edith Stein
Symbolique: le poisson
Actualités de l'Eglise
Providence
La montée du Carmel (III)
Ils ont dit
Topo         Le Rosaire (II)
Nous poursuivons ici notre étude historique sur le Rosaire. Mais prenons garde : « il ne faut jamais, pour bien des institutions et surtout pour les dévotions, prétendre les trouver dès leur origine parfaitement définies, régularisées. Une dévotion ne surgit pas d’ordinaire tout d’une pièce. Elle s’élabore lentement, se dessine, se transforme, se perfectionne par la pratique, les obstacles mêmes, les privilèges. » (P. Mortier)

I. Les mystères
Nous avons vu que la récitation du Pater Noster et des Ave Maria était une pratique courante et très ancienne dans les monastères. Saint Dominique (1170-1221)a eu le génie d’adopter cette forme de piété comme forme de prédication : aux hérétiques cathares il prêche Jésus et Marie, leur vie terrestre composée de joies et de douleurs. Mais si les Ave sont au nombre de 150, ils ne sont pas divisés par dizaine, ni entrecoupés de Pater. « Le peuple se contente d’égrener les Ave en prenant pour objet de pensée et d’amour un mystère de Jésus et de Marie » (R.P. Poupon, Le Saint Rosaire).
Tombée en désuétude (la peste noire puis le schisme d’Occident firent des ravages), la dévotion du Rosaire trouve un ardent défenseur en Alain de la Roche (1428-1475). L’exercice du Rosaire, appelé Psautier de la bienheureuse Vierge, est alors mieux organisé : les 150 Ave sont découpés « en dizaines précédées d’un Pater avec des adjonctions relatives à tel ou tel mystère. L’énoncé des mystères n’avait pas la fixité invariable qu’il a revêtue au XVIème siècle et qu’il possède maintenant. On laissait alors aux fidèles une certaine spontanéité pour la considération de leur choix » (R.P. Poupon).
C’est finalement sous saint Pie V (1504 – 1572) qu’a prévalu la forme que nous connaissons avec un double élément : la récitation des Ave Maria et la méditation des 15 mystères.

II. Le rôle de saint Louis-Marie Grignion de Montfort
A une époque troublée (encore une…) marquée par « le Dieu froid et justicier des Calvinistes, [le] Sauveur rétréci et solitaire des Jansénistes » (R.P. Poupon), saint Louis-Marie a voulu enseigner la charité et la miséricorde de Dieu, et la maternité divine de la Sainte Vierge. « Pour lui, comme pour ses illustres devanciers, le Rosaire n’est pas une simple méthode d’oraison, mais une prédication, le moyen par excellence de l’apostolat » (R.P. Poupon). Le Père de Montfort écrit Le Secret admirable du très saint Rosaire, très largement inspiré d’ouvrages dominicains plus anciens. Il recommanda à chacun la récitation quotidienne du Rosaire, et parcourut inlassablement les provinces françaises (en particulier l’Ouest), prêchant mission sur mission et répandant cette dévotion. « Le génie de Montfort prolonge donc en droite ligne ceux du bienheureux Alain de la Roche et de saint Dominique » (R.P. Poupon).

Saint Louis-Marie ajoute au début du Rosaire le Credo, et le Pater et les trois Ave en honneur de l’unité et de la Trinité des Personnes divines. Il associe à la méditation de chaque mystère un fruit à cueillir, habituellement une vertu.

III. L’institution de la fête du saint Rosaire (7 octobre)
Le Ciel a souvent récompensé la foi de ceux qui ont eu recours au Rosaire dans les moments de grand danger. Ainsi le montre la fameuse victoire navale de Lépante, le 7 octobre 1571. Les Turcs menaçaient l’Occident, et le pape saint Pie V ordonna à tout le peuple chrétien la récitation du Rosaire. La flotte turque attaqua la flotte autrichienne au large des îles Echinades. Le même jour à Rome fut organisée une grande procession par les Confréries du Rosaire, et le pape eut en songe la révélation de la victoire chrétienne. Les forces ennemies furent anéanties. Saint Pie V a voulu qu’une fête en l’honneur de Marie Victorieuse honorât la mémoire de ce combat mémorable. A la demande des Dominicains, Grégoire XIII a consacré et étendu cette fête en l’appelant fête du Rosaire en 1573. Enfin, Clément XI l’étendit à l’Eglise universelle après l’importante victoire sur les Turcs (encore eux) remportée par le Prince Eugène le 6 août 1716 (fête de Marie des Neiges) en Hongrie.


IV. Le symbolisme de la rose : Pie XII à des rosiéristes, le 10 mai 1955
(…) De tout temps, les roses les plus simples de ces pays, celles dont la teinte s’harmonise de façon si heureuse avec le feuillage, dont le parfum se répand délicat et pénétrant, figurent comme l’ornement naturel des fêtes et le symbole du plaisir. Aussi les premiers chrétiens les répudièrent-elles, parce qu’elles signifiaient à leurs yeux un genre de vie qu’ils abhorraient.
Mais peu à peu, quand les souvenirs païens s’effacèrent, le charme de la rose fit retour au vrai Dieu : les paradis des mosaïstes, que l’on admire encore aujourd’hui aux absides des basiliques les plus vénérables de Rome, sont émaillés de fleurs, parmi lesquelles la rose a repris son empire. La rose rouge devint, aux premiers siècles de la littérature chrétienne, le symbole du martyre sanglant, comme la blancheur du lis celui de la virginité. 

L’Eglise n’a-t-elle pas conservé pour la fête des Saints Innocents l’hymne ravissante de Prudence : « salut, fleurs des martyrs… roses naissantes arrachées par la fureur de l’ouragan » ?
La rose figure encore sur les ornements sacerdotaux ; elle rutile aux feux du soleil dans les verrières des cathédrales ; elle signifie partout la joie chrétienne et devint à ce titre l’emblème de Marie, la grande « cause de notre joie ».

Le Rosaire représente d’abord un jardin de roses offert à Marie, un ornement de son image, un symbole de ses grâces. La Vierge elle-même fut ensuite comparée à la rose, et maintenant les chrétiens l’invoquent par deux fois, dans les litanies de Lorette, sous le signe de la reine des fleurs : « Rose mystique » et « Reine du très saint Rosaire ». Cette dernière appellation évoque sans doute une grande victoire de la chrétienté sur les infidèles, mais bien plus encore les conquête lumineuses de la foi sur le mal et l’ignorance religieuse. Lorsque Marie apparut à sainte Bernadette sur le rocher de Massabielle, où croissait l’églantier, chacun de ses pieds s’ornait d’une rose épanouie. Celle que l’Eglise venait de proclamer l’Immaculée manifestait ainsi, à une enfant simple et candide, la plénitude de ses perfections et la délicatesse de sa bonté.

Le développement liturgique du symbole de la rose dans le culte marial n’a rien qui doive étonner, car l’homme a choisi instinctivement la plus belle des fleurs pour l’offrir à la plus belle des créatures. Ce geste spontané se répète en de nombreuses pratiques de la piété des humbles comme des savants, et les auteurs spirituels ont maintes fois repris le thème et développé à l’envi ses significations mystiques. Le mois des roses est et sera toujours le mois de Marie. Ainsi, en cultivant les fleurs qui forment comme la parure d’un sol souvent ingrat et dur pour l’homme, êtes-vous portés naturellement à honorer le Créateur, à élever votre âme vers celle qui porte le beau titre de Rose mystique, l’honneur et la joie de la famille humaine.

Le pape Jean Paul II à propos du Psautier de la bienheureuse Vierge (Angélus, le 9 octobre 1983)
(…) Nous pouvons mieux comprendre pourquoi cette couronne d’Ave a été appelée « Psautier de la Vierge ». De même que les psaumes rappelaient à Israël les merveilles de l’Exode et du salut opéré par Dieu, et invitaient constamment le peuple à la fidélité envers le pacte du Sinaï, ainsi le Rosaire rappelle sans cesse au peuple de la Nouvelle Alliance les prodiges de miséricorde et de puissance que Dieu a déployés dans le Christ en faveur de l’homme, et l’invite à la fidélité aux engagements de son baptême. Nous sommes son peuple, Il est notre Dieu.

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Grands convertis du XXème siècle
J-K Huysmans
J.K. Huysmans (1848-1907)

Un amoureux de la mystique du Moyen Age égaré au XIXème siècle


 


Cet article est consacré au grand écrivain catholique français que fut Joris-Karl Huysmans, trop peu connu chez nos contemporains, malgré son itinéraire convergeant vers Dieu, malgré ses belles pages écrites sur ce qui fut la gloire de l'Eglise au Moyen Age, ses grands saints, mystiques, moines, soldats, bâtisseurs romans et gothiques, la beauté du plain-chant, sa symbolique, son iconographie. Cet article n'a pas d'autre intention que celle de vous donner envie de découvrir cet auteur profondément attaché à l'intériorité et au beau, dont les exigences étaient finalement celles qui ont prévalu chez tous ceux qui hier et aujourd'hui agissent pour préserver les trésors légués par la Tradition catholique.

Né d'un père hollandais, Godefroy Huysmans, dessinateur lithographe et peintre en miniature, et de Malvina Badin dont le grand-père fut prix de Rome de sculpture. Né à Paris rue Suger, leur fils reçut les prénoms de Charles-Georges Marie. Son père peu de temps après se fit naturaliser français; Charles-Georges prendra plus tard, pour nom d'auteur, son prénom traduit en Hollandais, marquant ainsi son attache avec le pays de ses aïeux.

Après avoir fréquenté le lycée Louis le Grand, passé son baccalauréat, il rentre au Ministère de l'Intérieur, jugeant ses appointements de 1500 francs ( ) alors suffisants pour être indépendant! Passionné de peinture, il passe ses moments libres dans les musées parisiens, surtout attiré par les peintres flamands, dont Van Eyck. Il débute en parallèle une carrière de critique d’art qui lui donna sa prime renommée. Attiré par le courant naturaliste, il fréquente les soirées qu'organise Zola à Médan et fait partie de ses disciples. Il rédige alors ses premiers romans, Marthe, Les sœurs Vatard, A vau-l'eau, En rade et la nouvelle Sac au dos.

Il rompt cependant brusquement avec le naturalisme avec son ouvrage intitulé A rebours, décrivant le monde onirique d'un dandy (des Esseintes), érudit, reclus dans son appartement parisien cossu, saturé de jouissances purement intellectuelles, visuelles et olfactives, mais exténué par une vie déboussolée privée du bon Dieu que l'on pressent pourtant. A rebours s'achève par la prière "Seigneur, prenez pitié du chrétien qui doute, de l'incrédule qui voudrait croire, du forçat de la vie qui s'embarque seul dans la nuit sous un firmament que n'éclairent plus les consolants fanaux du vieil espoir". Huysmans, qui probablement se projette en des Esseintes, est accablé par un dégoût de sa propre vie, "âme malade d'infini dans une société qui ne croit plus qu'au fini", dira de lui Barbey d'Aurevilly. Ami de Bloy, grand admirateur de Moreau, il est élu premier président de la toute nouvelle Académie Goncourt.

Son ouvrage suivant, Là-Bas, décrit les sociétés secrètes sataniques du Paris de la fin du siècle dernier et est l'ouvrage où l'auteur prend conscience de l'existence d'esprits supérieurs à l'homme, ne cautionnant en aucune manière les passages parfois pénibles qu'il décrit, ce qui fut attesté par son confesseur dom Besse, maître des novices de l'abbaye bénédictine de Ligugé. Nous rencontrerons le personnage principal de l'ouvrage, Durtal, à travers toutes les futures productions désormais résolument catholiques de l’auteur. Le goût de la liturgie fut pour lui "une béquille d'âme extraordinaire", confie-t-il à une amie. 
 

Un jour, étant rentré à Saint Sulpice, il "entend les vêpres des morts tomber lourdement une à une, tandis que les chantres alternaient et jetaient l'un à l'autre comme des fossoyeurs des pelletées de versets, il avait eu l'âme remuée jusque dans ses combles". Après deux années de douloureux atermoiements, Huysmans part en retraite à la Trappe d'Igny dans l'Aisne, où il se confesse et communie. Il ressent au cours de son séjour à la Trappe une profonde révérence pour les âmes trempées de sainteté des moines qu'il côtoie.

Dès sa conversion, Huysmans place en la Sainte Vierge en grande dévotion : "c'est la Vierge qui vous pétrit et vous remet entre les mains du Fils, mais ses doigts sont si légers, si fluides, si caressants que l'âme qu'ils ont retournée n'a rien senti". Il a de même été fort marqué par le dogme de la communion des saints, émerveillé par la beauté des âmes telles que celles de sainte Catherine Emmerich et sainte Lydwine de Schiedam, qui ont voué leur vie à assumer, autant que Dieu le leur permettait, les conséquences des égarements des pauvres pécheurs. Tenté par l'hagiographie, il rédigera une vie de sainte Lydwine de Schiedam, sainte hollandaise du XIVème siècle.

Son premier grand succès fut La Cathédrale. Comment peut-on aller à Chartres sans croiser Péguy dans la "profonde houle" de la plaine de Beauce, et Huysmans au détour d'un pilier de la cathédrale? "Elle se spiritualisait, devenait toute âme, toute prière lorsqu'elle s'élançait vers le Seigneur pour Le rejoindre, légère et gracile, presque impondérable, elle était l'expression la plus magnifique de la beauté qui s'évade de sa gangue terrestre, de la beauté qui se séraphise".

Quittant Paris, Huysmans s'installe à Ligugé dans le Poitou, auprès du monastère fondé par saint Martin, désireux d'y installer une communauté de ses amis artistes, écrivains et intellectuels catholiques, projet qu'il ne put mener à bien. Il partagea pendant quelques années la vie monastique des moines bénédictins, devenant lui-même oblat. Il vécut en parfaite harmonie avec les moines savants et bons, qui pour la plupart l'accueillirent comme un ami. Il y rédigera le troisième volet de la conversion de Durtal, l'Oblat, mais dut quitter le monastère, lorsqu'en 1901 le parlement maçonnique Combes chassa de France toutes les congrégations religieuses qui refusaient de demander à leur préfet le droit d'exister.

Son dernier ouvrage date de 1906 et s'intitule Les Foules de Lourdes. Il visait à narrer les apparitions, la vie et l'activité du sanctuaire, ainsi que les premières guérisons miraculeuses, réfutant ainsi le scepticisme et le positivisme faisant rage autour de cette affaire.

En 1905, à la suite d'un zona, Huysmans fut 7 mois aveugle et recouvre la vue le jour de Pâques 1906. Son caractère d'écorché vif, fragile, s'est transformé en une douceur et une profonde confiance en la Providence. J.K Huysmans mourut d'une longue maladie après de nombreux mois d'agonie, le 12 mai 1907. Lorsqu'on l'eut revêtu de l'habit de bénédictin que dom Besse avait envoyé à cet effet, l'abbé Fontaine dit à haute voix devant la bière ouverte : "Seigneur, Vous lui aviez donné beaucoup de talent, il l'a fait servir à Votre gloire".

Domine, dilexi decorem domus tuae, et locum habitationis tuae.
(Extrait du psaume 25 ornant la couverture de La cathédrale)

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Vie de saint Jean Damascène
Saint Jean Damascène, ou Jean de Damas, mort en 749, grand théologien, fut le défenseur du culte des images contre les iconoclastes, briseurs de statues et des images de saints.

« Ce qu’est un livre à ceux qui savent lire, disait-il, l’image l’est à ceux qui ne le savent pas ; ce que la parole est à l’ouïe, l’image l’est pour la vue. Les saintes images sont un mémorial des œuvres divines ».

« Il faut les honorer, dit le Concile de Trente. Non qu’elles renferment quelque chose de divin ou que nous devions mettre notre confiance en elles comme les païens en leurs idoles, mais parce que l’honneur qu’on leur rend s’adresse à ceux qu’elles représentent ; de sorte que, par les images que nous baisons, devant lesquelles nous nous découvrons et nous agenouillons, nous adorons Jésus Christ et nous vénérons les saints eux-mêmes. »

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Prière à Marie    Edith Stein
Marie,

Aujourd’hui, me tenant avec toi au pied de la croix,
J’ai ressenti plus clairement que jamais
Que c’est sous la croix que tu es devenue notre mère.
Combien déjà la tendresse d’une mère d’ici-bas
Veille à accomplir la dernière volonté de ton fils !

Mais toi, tu étais la servante du Seigneur,
L’être et la vie du Dieu fait homme
Etaient inscrits sans retour dans ton être et ta vie.
C’est ainsi que tu as reçu les liens en ton cœur,
Et c’est au prix de tes amères douleurs et du sang de ton cœur
Que tu as racheté à la vie nouvelle chaque âme.

Tu connais chacun de nous, nos blessures, nos souffrances,
Tu connais aussi la splendeur du Ciel que l’amour de ton fils
Voudrait répandre sur nous dans l’éternelle clarté ;
Aussi guides-tu avec soin chacun de nos pas,
Pour toi il n’est pas de prix trop haut pour nous mener au but.

Mais ceux que tu choisis pour t’accompagner,
Pour te faire escorte un jour devant le trône éternel,
Ils doivent ici-bas se tenir avec toi au pied de la croix,

Ils doivent au prix de l’amère douleur et du sang de leur cœur,
Acquérir la céleste splendeur des âmes si précieuses,
Que le Fils de Dieu leur a confiées en héritage.

Edith Stein

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Symbolique                  Le poisson
LE SYMBOLE DU POISSON

Parmi les symboles utilisés par les premiers Chrétiens, celui du poisson est le plus important. Alors que l’usage du poisson comme élément décoratif dans l’art païen est ancien et constant, la première mention littéraire de ce poisson symbolique est faite par Clément d’Alexandrie (né vers 150), qui recommande à ses lecteurs de faire figurer sur leur sceau un poisson ou une colombe.

Il ne donne aucune justification, ce qui signifie qu’elle n’était pas nécessaire. En effet, on sait par les monuments (notamment dans les Catacombes de saint Callixte) que le symbole du poisson était répandu bien avant la naissance de Clément. Il pourrait provenir des épisodes de la multiplication des pains et des poissons, ou du repas de Notre Seigneur avec Ses disciples sur la Mer de Galilée après Sa résurrection.

Mais sa popularité auprès des Chrétiens vient surtout du célèbre acrostiche des initiales de cinq mots grecs formant le mot poisson (Ichthys, ou ictus comme on l’entend souvent), mots qui définissent brièvement mais clairement le Christ : Iesous Christos Theou Yios Soter, Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur.
 

 


Le mot Ichthys et la représentation du poisson avaient donc pour les Chrétiens une signification des plus fortes : ils étaient une courte profession de foi dans la divinité du Christ, le Rédempteur de l’humanité. Ceux qui croyaient en ce Ichthys mystique étaient eux-mêmes des « petits poissons », comme le dit Tertullien dans De Baptismo : « nous, petits poissons, selon l’image de notre Ichthys, Jésus Christ, sommes nés de l’eau ». 

De plus, l’association entre l’Ichthys et l’Eucharistie est fréquente. Dans l’art pictural, la nourriture devant les convives est invariablement du pain et des poissons dans deux plats différents. C’est ainsi représenté sur les fresques de la Fractio Panis dans le cimetière de sainte Priscille. Dans une crypte, on peut voir des poissons dans l’herbe, tout près des paniers contenant le pain et le vin.

Enfin, le poisson est représenté également avec d’autres symboles chrétiens tels que la colombe, l’ancre et le monogramme du Christ.

A partir du IVème siècle, le symbolisme du poisson disparut progressivement. La présence de poissons sur les fonds baptismaux antiques n’a certainement qu’un caractère ornemental dû à l’eau utilisée par le sacrement du baptême.

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Actualités de l'Eglise
Sceaux historiques menacés de mort

Des centaines de sceaux de documents historiques des archives secrètes du Vatican sont menacés de mort s'ils ne sont pas restaurés au plus vite, selon l'archevêque argentin Jorge Mejia, archiviste et bibliothécaire de la Sainte Eglise Romaine.

Afin de sauver ces chefs d’œuvre, Mg Mejia a pris des initiatives commerciales. Ainsi 250 sceaux seront reproduits en or et en argent et mis en vente à des prix qui varient entre 80 et 700 dollars. La bulle du pape Boniface VIII annonçant le premier Jubilé de l'histoire en 1300, et la bulle du pape Jean Paul II annonçant le Jubilé de l'an 2000, avec leurs cachets, seront reproduites et mises en vente à un prix non encore fixé. 

Des centaines de milliers de documents sont abrités dans les 120 kms d'étagères des archives de l'Eglise. Ouverts aux savants par le pape Léon XIII il y a un siècle, ils étaient consultables jusqu'au 12 février 1922, date de l'élection du pape Pie XI. Luca Becchetti, responsable de l'atelier de restauration des cachets, affirme:

« il nous a fallu trois ans de travail pour en restaurer 250, et plus d’un an et demi rien que pour restaurer les sceaux des 85 lords d’Angleterre appuyant la demande du roi Henri VIII adressée au Pape Clément VII en 1530 pour obtenir la dispense de son mariage avec Catherine d’Aragon ». 

 

Certains des sceaux appartenant au Vatican sont de véritables chefs d'œuvre de miniature, d'autres sont particulièrement précieux pour leur poids en or. Les archives abritent la collection de cachets en or la plus importante du monde. Le roi Philippe III d'Espagne a réclamé en 1600 son investiture au chef de l'Eglise catholique par une lettre authentifiée par un sceau en or d'un kg, alors que son prédécesseur Philippe II avait à peine dépassé les 800 grammes. Quant aux lettres cachetées, le record revient à la reine Christine de Suède qui a annoncé en 1654 son abdication au pape Innocent X dans un acte authentifié par 306 sceaux en cire servant de signatures. En 1803 Napoléon Bonaparte, « premier président de la République italienne», s'est manifesté auprès du pape avec un document scellé ratifiant le traité entre Pie VII et la République. 

Des centaines de kgs de documents sont envoyés chaque année aux archives par la secrétairerie d'Etat du Vatican, dont la plupart cachetés par le sceau en plomb du pape, reproduisant ses armes sur la face et les têtes des saints Pierre et Paul sur le revers. Les nonciatures apostoliques du monde entier sont tenues de se débarrasser de leurs archives chaque 50 ans, en confiant leurs documents aux archives secrètes.

Parfois les circonstances sont à l'origine de ces transferts de documentation. Le Saint-Siège, a révélé Mg Mejia, a profité de la visite pastorale du pape à Cuba en janvier 1998 pour récupérer les archives de la nonciature à La Havane, qui ont voyagé dans un container à bord de l'avion papal. (AFP.)

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Providence
EVEILLE TOI, TOI QUI DORS,
SURGIS D’ENTRE LES MORTS,
ET LE CHRIST T’ILLUMINERA.
   (lettre de saint Paul aux Ephésiens, V, 14)

Tous les hommes sont appelés par Dieu à devenir Ses enfants. Mais pour entrer dans la famille divine, nous devons nous purifier du péché dans lequel nous sommes nés. Nous héritons de la faute originelle de nos premiers parents, Adam et Eve. Par la naissance nous sommes souillés de cette faute. Par conséquent, c’est dans l’Eglise du Christ que les hommes reçoivent la vie de Dieu : « celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui refusera de croire, sera condamné » (Marc, XVI, 16).

Cette introduction me conduit à vous faire partager la petite histoire raconté par le Père Abbé du Barroux dans le dernier bulletin des Amis du monastère . 

La voici résumée: nous sommes au monastère, le frère portier décroche le téléphone. La voix d’une femme âgée  retentit. Elle demande s’il n’y a pas dans l’abbaye un père qui aurait rencontré, il y a un an, un enfant à Nancy, lui promettant des prières. L’enfant en question a huit ans et désirerait se faire baptiser malgré l’hostilité des parents. Le frère portier, réputé pour sa mémoire sans faille, répond affirmativement et passe la communication au Père en question. 
 

Depuis cette rencontre, l’enfant n’a eu qu’un désir : suivre le catéchisme et se faire baptiser. Grâce à la ténacité de sa grand-mère, et malgré de nombreuse péripéties, le petit Godefroy a été baptisé en décembre dernier.

Mais la grand-mère ajoute «....Godefroy demandait avec insistance que l’on retrouvât le Père rencontré un jour par hasard et qui lui avait rendu courage et confiance. Il souhaitait même le prendre pour parrain... ». La grand-mère courageuse a appelé un par un de nombreux monastères en France, leur posant toujours la même question, et a fini par trouver. « Il m’a fait promettre de chercher à vous joindre pour vous dire sa joie immense d’être devenu enfant de Dieu…. Priez beaucoup mon Père car l’enfant vit au milieu d’une famille hostile à la religion et bien décidée à l’en détourner. » 

Une belle histoire, n’est-ce pas ?

Une leçon en tirer ? Dom Gérard y voit deux choses : d’une part, l’influence des grands parents, mémoire des familles parce qu’ils ont gardé un fond religieux encore intact ; et d’autre part, la toute-puissance de la grâce divine.

A méditer...

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La montée du Carmel (III)
La montée du Carmel - La nuit de la mémoire (III)

Nous avons tenté, au cours des précédents numéros, de décrire les premières étapes de la vie unitive d'une âme à celle de son Créateur. La première étape est une nuit des sens à laquelle doit consentir toute âme entamant son chemin de conversion. Cette nuit des sens est suivie d'autres nuits de nature purement spirituelle, notamment la "nuit de la foi" inclinant l'âme à accepter de ne pas tout saisir, tout en laissant à Dieu le soin de l'éclairer.

Nous allons aborder aujourd'hui l'étape immédiatement supérieure qui est la "nuit de la mémoire". Chacune de ces étapes de progression spirituelle a pour vocation le développement de chacune des trois vertus théologales en chaque âme. La foi anesthésie notre entendement pour limiter les raisonnements faux, l’humilier et le tourner vers Dieu. La vertu d'espérance sera magnifiée par la privation de toute matière alimentant la mémoire. Pour la charité et ses liens avec la volonté, il vous faudra encore patienter jusqu'au prochain numéro! Courage!

Saint Jean de la Croix dans le livre III développe donc le fait que plus une âme dépouille sa mémoire de matière à entretien, plus elle acquiert l'espérance. Plus celle-ci se remplit de la vertu d'espérance, plus elle s'unit à Dieu. "On ne peut servir deux Dieux à la fois..." (Mat. VI, 24).

Ceci est fort compréhensible dans le sens où la mémoire ne peut être unie à Dieu si elle est encore attachée à des formes et à des souvenirs. Celle-ci est en effet intimement liée à nos cinq sens du toucher, de l'odorat, du goût, de la vue et de l'ouïe. Notre nature blessée nous rend si maladroits dans l'usage des puissances que le Créateur nous a offertes, qu'il est fort sage de tenter de ne plus les utiliser, laissant alors à Dieu toute latitude pour les susciter dans la voie sûre du bien.
 

 

Saint Jean de la Croix nous avertit à ce titre que ce renoncement n'est en rien un abandon égoïste et dangereux. Il ne s'agit que d'une remise confiante entre les mains de Dieu qui dans ce cas laisse à goûter à l'âme ce qu'il est bon qu'elle goûte et lui laisse ignorer le contraire. Cette remise entre les mains de Dieu ne peut conduire à l'atrophie de ces puissances. Celles-ci seront forcément mues par le bon Dieu qui en dota l'homme au jour de la Création, afin qu'elles remplissent leur rôle.

Dans cet état d'abandon, l'âme accomplit nécessairement la volonté de Dieu sans même savoir d'où viennent les motions qu'Il lui suggère. L'Esprit Saint parle alors dans le silence d'une mémoire dégagée de toute impression et offerte à Dieu. Saint Jean de la Croix rappelle cependant que cet état ne peut être atteint que par la toute puissance de Dieu et non par nos propres forces. Nous ne cessons donc de voir, chez ce grand saint, que l'humilité est en toutes circonstances un préalable indispensable à tout progrès chrétien.

Après avoir développé tous les avantages d'un tel abandon des facultés de la mémoire, saint Jean de la Croix nous expose les nombreux périls auxquels nous nous exposons, si nous ne le suivons pas:
* En ne fermant pas les yeux de la mémoire à tout discours et à toute connaissance, l'âme s'expose à toutes erreurs, imperfections et convoitises ;
* Le démon peut très bien utiliser ce moyen de la mémoire pour nous perdre, et ce de la même manière que précédemment ;
* L'âme se prive de la paix en ouvrant la porte aux plaisirs de la mémoire. "Ce que l'œil ne voit pas, l'âme ne le désire pas".
Toutes ces recommandations visent en fait à nous avertir du fait que tout trouble (sauf celui causé par le péché) est à bannir de l'âme car il augmente le mal : "même au plus fort de l'adversité qu'elle soit matérielle ou spirituelle, il faut tout supporter avec égalité d'humeur, tranquillité et paix". 

Vous n'ignorez pas, Seigneur, à quel point cela nous est difficile, à quel point nous sommes attachés à tout ce qui fait ce que nous sommes, et c'est la raison pour laquelle nous implorons Vos lumières et Votre grâce qui nous permettront de mieux percevoir la nécessité du dénuement.

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Ils ont dit
"Le Christianisme a été prêché par des ignorants et cru par des savants et c'est en quoi il ne ressemble à rien de connu".
J. de Maistre - Considérations sur la France - 1797
"Une humanité dont Dieu fait partie honore Dieu incomparablement plus au total qu'elle ne l'avait offensé et ne pourra l'offenser."
C. Journet

"La tradition ne consiste pas à refaire les œuvres de ceux qui nous ont précédés. Mais à en retrouver l'esprit qui en eut fait faire de toutes autres en de toutes autres circonstances."
P. Valéry
 

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