St Louis-Marie                                       Le Secret de Marie
 
Bulletin d'information du Chapitre Saint Louis Marie Grignion de Montfort - N° 28 - février 1999

Edito Sommaire
Dans l’épître du 1er dimanche de Carême, saint Paul dit qu’on nous tient pour « affligés, nous qui sommes toujours joyeux ; pour gens qui n’ont rien, nous qui possédons tout. »

Avons-nous vraiment conscience de notre chance, ou bien nous sommes-nous comme le monde nous tient ? Nous comportons-nous comme des gens toujours joyeux et qui possèdent l’essentiel ?

Ce n’est pas rien d’être catholique, ce n’est pas qu’un simple qualificatif dont on est fier : certes c’est contraignant, certes cela demande beaucoup d’efforts et de persévérance, mais combien nous recevons ! 

Combien nous sommes soutenus par la grâce de Dieu, à tout moment ! Nous avons l’espérance, nous croyons en la vie éternelle, nous savons que nous ne faisons que passer dans ce monde fou, nous savons que le Christ notre Seigneur reviendra. Que souhaiter de plus ?

Notre joie intérieure doit être profonde, et communicative. Cette période de Carême devrait nous aider à revenir vers l’essentiel, c’est-à-dire vers Dieu. Durant ces quarante jours, nous préparons Son triomphe à Pâques, et Son triomphe est aussi le nôtre.

Alors soyons joyeux, « nous qui possédons tout. »

                                                Isabelle
                      Ad Jesum per Mariam
Topo : le Rosaire (I)
Edith Stein (II)
Bulle d'indiction du jubilé de l'an 2000
Vie du chapitre
Souvenirs de Terre Sainte
Prière: Edith Stein
Art et Religion: IHS-XP
Zachée par A. Charlier
Humour
Topo                 Le Rosaire (I)
LE ROSAIRE A TRAVERS L’HISTOIRE

Cet article sera le premier de deux consacrés au Rosaire, et notamment à l’historique de cette dévotion à laquelle nous sommes très attachés.

Le mot rosaire vient du latin rosarius, qui veut dire une guirlande ou un bouquet de roses. Il était utilisé souvent au sens figuré, comme titre d’un ouvrage par exemple pour signifier une anthologie ou une collection d’extraits. La liaison avec la Sainte Vierge vient sans doute d’une jolie légende très ancienne et connue partout selon laquelle la Sainte Vierge avait été vue prenant des boutons de roses des lèvres d’un jeune moine récitant des Ave Maria, et les tressant en une guirlande qu’elle posa sur sa tête. On aima par ma suite offrir des couronnes de fleurs à la Sainte Vierge, en particulier de roses, et des Ave Maria. De là vient également notre mot chapelet, qui signifie petit chapeau.

I Les prières à répétition

1 Une constante dans le temps et dans les religions
L’usage de répéter de multiples fois la même prière se retrouve très souvent, et chaque fois il existe un moyen mécanique de compter ces prières, plus pratique que de compter sur ses doigts. Chez les Musulmans, le Tasbih, ou collier composé de 33, 66 ou 99 perles, est utilisé pour compter les noms de Allah. Saint François-Xavier et ses compagnons furent très étonnés de voir que le « chapelet » en tant qu’objet était répandu chez les Bouddhistes japonais. Un ermite nommé Paul, au IVème siècle, avait coutume de répéter 300 fois la même prière chaque jour et avait collecté 300 petits cailloux qu’il lançait l’un après l’autre. Les moines de l’Eglise grecque utilisent une corde nouée de 100 nœuds pour compter leurs génuflexions et leurs signes de croix.

2 L’origine du chapelet
Il semble que très tôt dans les ordres monastiques la pratique se soit répandue de réciter des prières vocales pour les moines rappelés à Dieu ou pour les bienfaiteurs des monastères. A cet effet on récitait les 150 psaumes, ou bien seulement 50. Certains frères convers étant illettrés, il leur fallait trouver une forme de prière plus simple, et on voit ainsi en 1096 dans les Règles de Cluny que chaque frère prêtre devait dire une messe, et chaque frère convers réciter 50 Notre Père, dès l’annonce de la mort d’un frère lointain. Chez les Templiers, dont la règle date de 1128, tout chevalier ne participant pas au chœur doit réciter 100 Pater Noster chaque jour pendant une semaine après la mort d’un frère.

L’usage du chapelet était donc très répandu au Moyen Age, partout en Europe. Cela s’appelait un patenôtre, et les fabricants dudit objet les patenôtriers, et ils constituaient 4 guildes à Paris en 1268.

II L’Ave Maria

Mais, me direz-vous, et l’Ave Maria ? Faisons un petit détour historique d’abord.

L’Ave Maria, appelé aussi la salutation angélique, est composé de trois parties. La première (Ave Maria, gratia plena, dominus tecum. Benedicta tu in mulieribus / je vous salue Marie, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre toutes les femmes) sont les mots de l’archange Gabriel à l’Annonciation (Luc, I, 28). La deuxième (et benedictus fructus ventri tui / et le fruit de vos entrailles est béni) est emprunté à Elisabeth accueillant la Sainte Vierge à la Visitation (Luc, I, 42). 

Le mot « Jésus » aurait été ajouté de manière officielle sous Urbain IV en 1261. Enfin, la troisième partie (sancta Maria, mater Dei, ora pro nobis peccatoribus nunc et in hora nostris nostrae / sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous pauvres pêcheurs maintenant et à l’heure de notre mort) est plus récente. 

Son introduction est reconnue et officialisée dans le Catéchisme du Concile de Trente (1566) et dans le Bréviaire romain de 1568, mais l’usage en est bien plus ancien. En effet, la prière de l’Ave Maria, composée au départ des deux premières parties seulement, était considérée comme une simple salutation, et était le plus souvent accompagnée de marques de respect : génuflexions, révérences, ou inclinations de la tête.

Il manquait à cette prière/salutation une demande, argument que les Réformateurs ne manquaient de souligner pour montrer que l’Ave Maria n’était pas une véritable prière. La pratique était donc très répandue d’ajouter une demande à la fin, et la tendance générale était de prier pour les pêcheurs, spécialement au moment de leur mort. On trouve au milieu du XVème siècle des Ave Maria pratiquement identiques à celui que nous récitons.

Un détail touchant : comme l’Ave Maria est récité pour l’Angélus, la prière était parfois gravée sur les cloches. On a trouvé au Danemark une cloche datant de l’année 1200 et comportant la salutation angélique en caractères runiques.

Revenons à nos moutons : l’Ave Maria étant considéré comme une salutation, très tôt se vit la pratique de le répéter plusieurs fois accompagné de génuflexions ou autres actes de révérence.

Comme actuellement on applaudit un musicien et on se lève pour l’acclamer, l’honneur dû à la Sainte Vierge se mesurait par le nombre des salutations. Dans le même temps, alors que la récitation des 150 psaumes était la forme de dévotion préférée des religieux cultivés, les personnes plus simples trouvaient leur bonheur à répéter 50, 100 ou 150 Ave Maria. Il est certain qu’au XIIème siècle, une telle récitation était largement répandue. On sait par exemple que notre bon roi saint Louis (1214-1270) chaque soir s’agenouillait, se relevait, s’agenouillait à nouveau et récitait lentement un Ave Maria, et ce 50 fois.

III Le rôle des Dominicains
La tradition déclare saint Dominique l’instituteur et l’auteur de la dévotion du Rosaire, d’où la fameuse représentation de saint Dominique recevant un chapelet des mains de Notre Dame. Les historiens sont moins catégoriques : la récitation des Ave existait avant sa venue, alors que l’introduction des mystères (que nous verrons dans notre prochain article) sera plus tardive. Les historiens soulignent également que les premiers témoignages concernant saint Dominique (ses biographies, son procès en canonisation), son tombeau à Bologne et les nombreuses représentations de Fra Angelico ne comportent peu ou pas d’allusions au Rosaire.

D’autres rétorquent que ceci ne prouve pas que saint Dominique n’ait pas été un ardent propagateur de la dévotion au rosaire, mais tout simplement que ses biographes n’y ont pas attaché d’importance, ce qui se comprendre si on se rappelle que la récitation des Ave était plutôt réservée aux humbles illettrés.

Le bienheureux Dominicain Alain de la Roche (1428-1475) fut le premier à insister sur le rôle joué par son saint père et fut lui-même un prêcheur tout dévoué au Rosaire, appelé alors le Psautier de Notre Dame. Il fonda les célèbres Confréries du rosaire, qui eurent un large succès à travers l’Histoire.

Si l’Ordre des Prêcheurs n’a donc pas « institué » la dévotion au Rosaire, il a en revanche largement contribué à la répandre et à la maintenir.

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Les convertis du XXème siècle
                         Edith Stein (II)
Cette femme philosophe, chère au Pape, est très connue en Europe centrale, moins en Europe occidentale. Elle a été béatifiée le 1er mai 1987 et canonisée le 11 octobre 1998.

Edith Stein, jeune philosophe allemande d’origine juive, se convertit à l’âge de trente ans, après plusieurs années passées à la recherche de la Vérité. (cf. notre bulletin précédent) Elle est baptisée puis confirmée au début de l’année 1922, et aspire à entrer au Carmel.

Son prudent directeur spirituel, le chanoine Schwird, vicaire général du diocèse de Spire, l’en dissuade. Le temps n’est pas encore venu, ce serait une rupture trop brutale pour la famille. Il propose à Edith un poste de professeur chez les Dominicaines de Spire.

Huit ans de vie cachée (chez les Dominicaines de sainte Madeleine, 1923-1931)

« La plénitude de l’être personnel, l’union avec Dieu et travailler en vue de l’union des autres avec Dieu dans leur être propre sont indissolublement une seule réalité. »

Edith occupe son poste de professeur au début de 1923. Elle est professeur d’allemand et est aussi chargée de former les religieuses à l’enseignement. C’est un professeur calme, silencieux, modeste. Un de ses sujets de dissertation : un professeur n’est jamais prêt, le maître n’est jamais prêt, car il peut et doit toujours élargir ses connaissances et développer sa personnalité. Toujours à l’écoute de ses élèves, elle sait trouver le mot de réconfort ou d’encouragement.

La vie publique (1928-1932 : tournées de conférences en Allemagne et à l’étranger)

« Dieu a créé l’homme « homme et femme », l’un et l’autre à Son image. Seules l’identité masculine et l’identité féminine normalement développées réalisent la plus haute image de Dieu et la plus forte pénétration de la vie ici-bas par la vie divine. »
A la demande d’associations d’enseignants et d’universitaires catholiques, et sur le conseil du père jésuite Przywara, Edith est conduite à donner des conférences en Allemagne et en Autriche. Elle développe en particulier un thème qui lui est cher :  le rôle de la femme (1928, Ludwigshaven : la valeur de la femme, son importance pour la vie de la nation – 1930, Salzburg : l’éthique de la vie professionnelle des femmes – 1931, Vienne : une vie de femme chrétienne, Elisabeth de Hongrie – 1932, radio bavaroise : questions concernant l’éducation maternelle).

La croix (1933, entrée au Carmel – 1942 : Auschwitz)

« Jésus-Christ demande l’âme en mariage par le fait qu’Il offre la vie pour la Sienne et lutte contre Ses ennemis qui sont aussi ceux de Son âme. (…) Il ouvre ainsi les écluses de la miséricorde du Père à tous ceux qui ont le courage d’embrasser la Croix et à celui qui s’y est attaché. (…) Ainsi l’union nuptiale avec Dieu, pour laquelle l’âme a été créée, est achetée par la Croix, consommée par la Croix, et scellée pour l’éternité du sceau de la Croix. »

Avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933 est mise en place une législation antisémite : en tant que non aryenne, Edith n’a plus le droit d’enseigner. Elle comprend qu’il est temps d’entrer au Carmel, temps pour elle et temps pour son peuple. 
 

« Qui entre au Carmel n’est pas perdu pour les siens, bien au contraire, il leur profite, car c’est notre rôle de nous tenir devant Dieu pour tous. »

Le 14 octobre 1933, Edith entre au Carmel. Elle a 42 ans. Un an plus tard, elle prend l’habit. Son nom de carmélite est Teresa Benedicta a Cruce, Thérèse bénie par la Croix, du nom de cette croix qui l’avait si impressionnée portée par la femme de son ami, du nom de la Croix à l’union de laquelle elle aspire, union qui sera réalisée au-delà de ses espérances puisque c’est le martyre qui l’attend.

Sœur Bénédicte est envoyée dans le Carmel d’Echt, en Hollande, en 1938. La Hollande est occupée par les Allemands en 1940. En août 1942, l’épiscopat catholique des Pays Bas émet une protestation contre les mesures dont les Juifs sont victimes.

En réaction, les Nazis ordonnent d’arrêter tous les religieux et religieuses d’origine non aryenne. Le 2 août Edith est arrêtée. Le 9 août son convoi arrive à Auschwitz. Elle est gazée quelques jours plus tard.

« Celui qui se donne à Dieu parvient, dans la vivante union à Lui, à l’accomplissement le plus élevé de son être, à cet amour qui est tout à la fois connaissance, don du cœur et acte libre. L’âme est toute donnée à Dieu, mais en cette union à l’Amour divin, l’esprit créé s’embrasse aussi lui-même d’un regard en quoi il se reconnaît et se voit dire oui librement, dans l’allégresse. »

Bibliographie :
1. sur Edith Stein : 
-J. Boufflet, Edith Stein philosophe crucifiée (Ed. des presses de la Renaissance, 1997)
-F. Gaboriau, Lorsqu’ Edith Stein se convertit (Ed. Ad Solem, 1998)
2. ses œuvres : Edith Stein a beaucoup écrit, mais peu de ses œuvres ont été traduites de l’allemand. Parmi celles-ci :
-La Crèche et la croix (conférence prononcée en janvier 1931 ; Ad Solem, 1998)
-La Vie d’Elisabeth de Hongrie (1931), et Ecrits sur les vies des saints du Carmel (1934) parus dans Source cachée (Ad Solem Cerf, 1998)
-La Science de la croix (1939-1942) (Lauwalerts, 1972)
 

« A-t-elle renié le judaïsme ? Elle donne elle-même la réponse lorsque, quelque temps avant sa mort, elle dit à un prêtre : « vous ne vous imaginez pas l’importance qu’a pour moi le fait d’être fille du peuple élu, d’appartenir au Christ pas seulement spirituellement, mais aussi par consanguinité ». Sa conversion lui est apparue d’emblée comme l’accomplissement du judaïsme – et il est de fait que la vérité du judaïsme, ce sont le Christ et l’Eglise, qui accomplissent en plénitude les promesses qu’il avait reçues. C’est ce qu’Edith a fait comprendre à sa sœur, et à d’autres ; elle a d’ailleurs écrit que l’Eglise, unique Eglise, est fondée sur l’amour : « le Christ, en qui seul l’amour divin s’est pleinement incarné, est de fait l’unique représentant de tous devant Dieu, et le véritable chef de la Communauté, qui rassemble l’unique Eglise ». Elle ajoute que nous ne devons pas refuser cette voie : « personne n’est légitimé à s’exclure volontairement de l’Eglise ». 
(Extrait d’un article paru dans La Nef)

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L'indiction SVP!
Le Saint Père, dans sa bulle d'indiction ( )du grand Jubilé de l'an 2000, datée du 29 novembre 1998, précise une nouvelle fois les contours spirituels qu'il entend voir soutendus à cette occasion. On ne saurait que trop recommander à nos lecteurs la lecture de la lettre "Tertio Millenio Adveniente" du 10 novembre 1994, lettre dans laquelle le Souverain Pontife expose largement l'importance du grand Jubilé. Nous n'avons en effet pas le droit d'aborder cet événement sans avoir au préalable compris l'étendue de sa signification aussi bien au regard de la vie de l'Eglise que de celle de notre âme. Cette bulle donne également les dispositions requises pour l'obtention de l'indulgence donnée par l'Eglise lors du Jubilé.

Le mystère de l'Incarnation
Jean-Paul II insiste sur l'importance de Notre Seigneur dans l'histoire de l'humanité qu'Il a rachetée de Son sang, et de qui toute la Création a reçu et continue de recevoir en abondance ; "en rencontrant le Christ, tout homme découvre le mystère de sa propre vie".

Le saint Père rappelle que le grand Jubilé de l'an 2000 est un événement qui sera célébré dans toutes les églises du monde, mais aura pour épicentres Rome siège de Pierre, et la terre Sainte où naquit notre Seigneur de la Sainte Vierge Marie.
Ce temps du Jubilé, cette entrée dans le nouveau millénaire est un temps de pénitence et de conversion auquel nous appelle la Sainte Trinité, qui promet à tous ceux qui profiteront de ce temps, toutes les grâces de miséricorde divine.

Mais ce temps doit être également un temps où chaque chrétien se doit de retrouver une flamme missionnaire, celle qui lui permet de prendre pleinement conscience du fait "qu'il apporte au monde la vraie lumière", celle dont notre monde factice a tant besoin. Cette flamme peut prendre les multiples formes que sont la prière, la catéchèse et l'apostolat, et en tout état de cause, conduire à une louange ininterrompue à la Sainte Trinité.

Le Saint Père décrète ensuite le début du grand Jubilé "dans la nuit de Noël 1999, par l'ouverture de la porte sainte de la basilique Saint Pierre du Vatican, qui précédera de quelques heures la célébration inaugurale prévue à Jérusalem et à Bethléem, ainsi que l'ouverture de la porte sainte dans les autres église patriarcales de Rome".

Le début du grand Jubilé sera vécu dans toutes les églises par une liturgie particulière, précédée d'un pèlerinage d'une église secondaire vers l'église cathédrale dans chaque diocèse. Le grand Jubilé se prolongera "jusqu'à la clôture de l'Année Jubilaire le jour de l'Epiphanie de Notre Seigneur Jésus Christ, le 6 janvier de l'année 2001".

Pèlerinage ? Porte sainte ? Indulgence ?
Le Saint Père rappelle l'importance du pèlerinage en tant qu'instrument de sanctification de l'homme. De sa naissance à sa mort, ce dernier est d'ailleurs un homo viator, un pèlerin. 

"L'histoire de l'Eglise est le journal vivant d'un pèlerinage jamais terminé". 
 

Le pèlerinage est accompagné du signe du passage de la porte sainte, ouverte pour la première fois durant le Jubilé de 1423. Le passage de cette porte évoque le passage que tout chrétien est amené à effectuer de la mort à la vie, du péché à la grâce. Ce franchissement est une affirmation libre et forte de l'engagement chrétien, un témoignage qui nécessite obligatoirement un certain nombre de renoncements à des choses qui restent à son seuil et que nous quittons définitivement. Le premier à effectuer ce passage sera le Pape dans la nuit du 24 au 25 décembre 1999, montrant "à l'Eglise et au monde le saint Evangile, source de vie et d'espérance pour le troisième millénaire."

Savons-nous vraiment ce que sont les indulgences? Bien sûr, nous savons que par le sacrement de la pénitence, tout homme est appelé à recevoir le pardon de Dieu, lui permettant de prendre de nouveau part à la sainte Communion.

Une peine temporelle est associée à ces fautes, et ce malgré le pardon effectif reçu de Dieu lui-même, "car le fait d'avoir été réconcilié avec Dieu n'exclut pas qu'il reste certaines conséquences du péché dont il est nécessaire de se purifier". L'indulgence plénière est la rémission complète des peines temporelles dues aux péchés déjà pardonnés.

Comment cela est-il possible? En fait, par ce que l'on appelle la communion des saints, saints qui nous ont précédés ou bien qui sont nos contemporains vivants.

Ceux-ci ont amassé un trésor de grâces et de mérites que l'Eglise, par l'intermédiaire du Pape représentant du Christ à la tête de l'Eglise, peut demander à voir octroyés à tous les fidèles remplissant certaines conditions que nous détaillerons dans notre prochain bulletin. "... je décide que tous les fidèles, convenablement préparés, pourront bénéficier abondamment, durant tout le Jubilé, du don de l'indulgence, selon les indications qui accompagnent la présente Bulle".

Conclusion
L'Année sainte est un moment privilégié d'appel à la conversion et implique de fait un examen de conscience approfondi, une réflexion profonde sur notre vie de foi, sur les fruits que nous portons ou que nous ne portons pas.

"Que l'on redise sans crainte "nous avons péché (Jr 3,25)", mais que l'on maintienne vivante la certitude que "là où le péché s'est multiplié, la grâce a surabondé" (Rm 5,20)".

"Que personne, en cette année Jubilaire ne s'exclue de l'accolade du Père! ... Que la joie du pardon soit plus forte et plus grande que tout ressentiment! De cette manière, l'Epouse brillera aux yeux du monde de la beauté et de la sainteté qui viennent de la grâce du Seigneur".

Le Mystère de l’Incarnation, bulle d’indiction du grand Jubilé de l’an 2000, est en vente chez Téqui (82, rue Bonaparte) au modeste prix de 25FF (calculez vous-même ce que ça fait en euros).

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Vie du chapitre
Le chapitre a fêté ses 10 ans !

Dimanche 14 février, nous nous sommes retrouvés, après la messe à ND du Lys, dans les superbes locaux classés des Sœurs Antonines, religieuses libanaises qui nous ont souvent accueillis. 

La salle principale était dûment décorée de notre collection de bannières. L’apéritif et le déjeuner ont permis à chacun de discuter, d’évoquer les bons souvenirs, de consulter les photos et les nombreux numéros de notre bulletin. Les diapositives de la route Bermont-Reims de 1996 ont rappelé bien des souvenirs à certains… Dominique Blay, venue de Nantes, et Benoît Choné, fondateurs du chapitre en 1989 et qui l’ont fait vivre de nombreuses années, nous ont fait la joie d’être parmi nous et nous ont raconté avec force anecdotes la genèse de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort.

Vous saurez tout dans un bulletin « spécial 10 ans » à paraître ! Puis un chapelet récité dans le petit oratoire des Sœurs nous a tournés vers la Sainte Vierge, qui a toujours veillé sur le chapitre et a permis qu’il dure malgré les difficultés. Nous avons également eu une pensée pour tous ceux qui ne sont pas venus.

Rendez-vous en 2009, et avant tout de même le 22 mai au pied de Notre Dame de Paris pour le 11ème pèlerinage du chapitre!
 

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Souvenirs de Terre Sainte
L’authenticité des Lieux Saints est attestée par les éléments suivants : 

les données de l’Histoire, la tradition et l’archéologie.

«Depuis 45 ans j’étudie les Lieux Saints ; chaînon par chaînon j’ai reconstitué toute la tradition du Saint Sépulcre et du Calvaire. Je suis plus sûr de leur authenticité que de celle du tombeau de Napoléon. En toute certitude la science peut dire à la foi : c’est là. », nous dit le Père Vincent (O.P.), l’un des premiers exégètes et archéologues de Jérusalem.

Après la Résurrection du Sauveur, les Chrétiens demeurant à Jérusalem mais aussi ceux des autres provinces de Palestine aimèrent associer aux instants douloureux de la Passion la gloire de la Résurrection et l’on les vit au lendemain de l’Ascension, qui les privait de la présence visible du Seigneur, vénérer les lieux Sacrés témoins du mystère pascal.

Bien sûr le Golgotha et le Saint Sépulcre furent les lieux les plus fréquentés. Le Sépulcre, dégagé de l’ensemble du rocher dans lequel il était creusé, devint très vite le lieu de pèlerinage par excellence de la foi au Christ ressuscité. On peut affirmer que pas un détail n’en était altéré jusqu’en 66, date à laquelle les Chrétiens prévenus par les Evangiles d’une persécution imminente passèrent en Transjordanie. Ils revinrent vite sur les lieux et de père en fils en attestèrent l’authenticité.

Lorsque le siège de Jérusalem en 70 fut terminé en se soldant par la ruine de la ville, quelques familles demeurèrent sur place. Si le côté nord de Jérusalem fut incendié, la plate-forme du Calvaire et le tombeau dans le roc restèrent intacts car « hors les murs ».

En 135, leur conservation fut mise en péril par la décision de l’empereur Adrien décrétant la transformation de la capitale juive. On remblaya le pli de terrain pour construire une plate-forme englobant le saint Sépulcre et le Golgotha. 

Saint Jérome, au IVème siècle, nous dira avec précision: « depuis l’époque d’Adrien jusqu’au règne de Constantin, pendant environ 180 ans, furent adorées sur le lieu de la Résurrection l’idole de Jupiter, sur la roche de la Croix la statue en marbre de Vénus, érigées par les païens. La conviction des persécuteurs était qu’ils nous ôteraient la foi en la Résurrection et la Croix s’ils profanaient les Lieux Saints par des idoles. »

La Providence de Dieu veillait et, cachés sous les soubassements du Capitole, les lieux chers à notre foi furent ainsi préservés de toute souillure.

Avec sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, les travaux de restauration commencèrent. Une grande basilique enchâssa les deux monuments. Hélas, les invasions cherchèrent, à travers le déroulement des siècles, à les détruire. Malgré leur mutilation qui est elle même la preuve de leur authenticité, vu la haine dont ils ont été l’objet, les restes vénérables de l’événement historique de notre Rédemption demeurent.
 

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Prière           Edith Stein
« Bénis, Seigneur, l’esprit brisé de ceux qui souffrent
La pesante solitude des hommes ;
De celui qui jamais ne connaît le repos,
La souffrance que jamais on ne confie à personne.

Et bénis le cortège de ces gens dans la nuit
Que n’épouvante pas le spectre de chemins inconnus
Bénis la misère des hommes qui meurent en cette heure,
Donne-leur, mon Dieu, une bonne fin.

Bénis Seigneur, les cœurs amers.

Avant tout, accorde aux malades le soulagement,
Enseigne l’oubli à ceux que tu as privés de leur bien le plus cher :
Ne laisse, sur la terre entière, personne à sa détresse.
Et ceux qui sont dans la joie, Seigneur,
Bénis-les, protège-les.

Moi, tu ne m’as à ce jour jamais délivrée de la tristesse,
Parfois elle me pèse beaucoup ;
Mais tu me donnes ta force et je peux ainsi la porter… »

Edith Stein

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Art et Religion           IHS - XP
IHS, XP

Ce sont des monogrammes de Jésus Christ. A partir du IIIème siècle, particulièrement dans les inscriptions chrétiennes, les « nomina sacra », ou les noms de Notre Seigneur, sont raccourcis par contraction:  IHS et XPS, pour Iesous Christos.

Un peu de grec s’avère nécessaire : le I est un iota (i) majuscule et le H un éta (e) majuscule, donc les deux premières lettres Iesous ; le X est un khi (k) majuscule et P un rho (r) majuscule, donc les deux premières lettres de Christos. Le S est toujours la troisième lettre.

Dans le siècle suivant, le « sigle » (khi-rho) apparaît non seulement comme une abréviation, mais aussi comme un symbole. Ces monogrammes grecs continuèrent à être utilisés en latin au cours du Moyen Age. A un moment, l’explication en fut perdue, et une interprétation erronée de IHS mena à la faute d’orthographe « Jhésus ». 

Le monogramme se popularisa après le XIIème siècle grâce à saint Bernard qui insista spécialement sur la dévotion au Saint Nom de Jésus. Vers la fin du Moyen Age, IHS devint un symbole, comme le khi-rho de l’époque constantinienne. Parfois, une croix figure au-dessus du H,  trois clous se trouvent en dessous et le tout est entouré de rayons. 

IHS devint le symbole iconographique de saint Vincent Ferrier (1350 - 1419) et de saint Bernardin de Sienne (1380 - 1444). Ce dernier saint missionnaire avait coutume à la fin de ses sermons de soumettre le monogramme à la dévotion des fidèles, ce dont certains le blâmaient, à tel point qu’il fut sommé devant le pape Martin V. Saint Ignace de Loyola apposa le monogramme dans son sceau comme père général de la Compagnie de Jésus (1541), et ainsi il devint l’emblème de l’Ordre. 

IHS est parfois interprété à tort comme Jesus Hominum (ou Hierosolymae) Salvator, c’est-à-dire Jésus Sauveur des hommes (ou de Jérusalem, Hierosolyma).
 

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Zachée                           A. Charlier
Dans la tradition catholique, la dédicace d’une église est un moment important pour le peuple des fidèles. L’église, chef d’œuvre sorti des mains des hommes va être consacrée parce qu’elle est un territoire où Dieu règne en maître et ce, au cours d’une messe particulière, « Terribilis est ».  Le texte d’évangile de cette messe est saint Luc XIX, 1-10. Dans cet évangile, le Christ descend dans la maison du publicain le plus indigne qui soit, Zachée. Le Christ par cette parabole nous montre clairement qu’il a voulu habiter parmi les hommes. Comme ce personnage de publicain, nous nous empressons de pénétrer dans la maison du Seigneur.

André Charlier a écrit sur cette parabole un magnifique texte. Cette parabole nous conduit sur le terrain de la recherche de Dieu et de Sa place dans notre société. Notre Seigneur en venant nous sauver a bâti Son Eglise. C’est la maison de Dieu, le lieu où les fidèles viennent prier. C’est aussi le lieu du sacrifice, où l’autel est l’objet le plus vénérable. Le Christ nous appelle à Le suivre, à demeurer en Lui « ... Il nous nourrit de Ses sacrements, nous élève à la connaissance surnaturelle et nous invite à ce festin ineffable où Il se donne Lui-même en aliment. Comment répondrons-nous à ces dons si précieux ? » 

Notre Seigneur, de passage à Jéricho pour la dernière fois, interpelle un publicain : « Zachée, descend vite ; il faut qu’aujourd’hui je demeure dans ta maison ». Zachée, pour avoir été docile au mouvement de la grâce, reçoit en récompense le regard de Jésus. « Ce regard, c’est l’invitation à l’Amour ». C’est un regard pénétrant, saisissant. Comment ne pas songer au regard du Christ posé sur Jean, André et Pierre, qui les amènera à la conversion. 

Pécheur, Zachée avoue qu’il pratique la fraude, et ce n’est que perdu au milieu de la foule qu’il croise le regard du Christ, et par obéissance va lui ouvrir la porte de sa maison. Porté par la grâce, il ne cherche pas à fuir. Sa vie en sera bouleversée. Le Christ est venu au monde pour demeurer parmi nous. C’est une présence permanente que l’on retrouve dans le mystère de l’Eucharistie. Son regard se fixe sur nous. Malgré le poids de nos péchés, Il vient nous sauver. 
 

« Hâte-toi de descendre » dit Jésus à Zachée. C’est une invitation à Le suivre, à se précipiter à Son appel. Après s’être réfugié dans un arbre pour mieux voir le Christ, Zachée en redescend pour ouvrir la porte de sa maison c’est-à-dire pour s’ouvrir à Dieu.

Pour arriver à cette conversion, Zachée cherche à rencontrer le Christ, à savoir qui Il était : « ...nous le voyons avec une telle hâte courir devant tous le monde et monter sur un arbre (sycomore). S’il avait été moins diligent, si sa raison avait discuté de l’opportunité d’un tel acte aussi inusité que de monter sur un arbre pour voir passer un homme, si sa volonté l’avait attiré vers quelque occupation plus digne d’un chef publicain, c’en était fait, et jamais il n’eût rencontré Jésus. » Le plus indigne des hommes peut rencontrer le Christ. 

C’est par la grâce plus que par notre seule volonté que nous disons non à notre moi, et oui à notre Seigneur. Nous abandonnons le « redoutable libre arbitre, qui nous peut précipiter dans une chute irrémédiable !». 

Zachée grimpe sur un arbre « parce que la foule était trop nombreuse. » Le monde n’est-il pas à l’image de cette foule ? Le monde est rebelle, indifférent. Nous sommes trop occupés par la vie matérielle, faussement intéressés par mille soucis quotidien.

« Ainsi j’aperçois en Zachée une conduite étonnante et une grâce singulière : chercher qui est Jésus est le premier pas sur le chemin du royaume des Cieux, seulement notre pied incertain redoute davantage ce seul pas que les marches les plus harassantes sur les routes du monde ». 

Commentaire d’un texte inédit d’A. Charlier paru dans « Racines », cahier semestriel n°4, 1994.

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